En temps habituel, Safe Haven Learning Center accueille une quarantaine d’enfants. J’y arrive pendant les vacances d’été (avril et mai) et beaucoup ont rejoint leur famille, en Birmanie. Je suis donc accueillie par Gloria, Christopher, leurs enfants et petits-enfants et quelques enfants qui n’ont pu partir.
C’est Gloria qui s’occupe de tout le monde, avec le peu de moyens à sa disposition. Mais ici, même les plus jeunes participent : bercer un bébé, préparer le repas, ramasser du bois pour la cuisine, cueillir des fruits ou légumes dans la forêt, désherber un terrain pour préparer les plantations… Malgré des conditions de vie parfois difficiles, chacun garde un grand sourire et profite de chaque occasion pour s’amuser et partager du temps en famille. Je donne 2 heures de cours d’anglais le matin, pendant qu’il ne fait pas encore trop chaud (même s’il fait déjà très très chaud !).
Les enfants ont entre 5 et 15 ans et leur niveau d’anglais est très variable. Mais les plus avancés aident les autres et tout se passe toujours dans la bienveillance. Je leur propose des jeux et activités pour leur enseigner les couleurs, les parties du corps, des verbes. Nous mimons, jouons au « mémory »… et ce sont des moments riches en énergie et en rires ! Grâce à des fonds récoltés par l’association AIME, nous pouvons faire de nombreux achats : uniformes scolaires, cahiers, stylos, cerceaux, dominos, puzzles, affiches pour les salles de classe, mappemonde… et également financer la reconstruction de la « cuisine » (qui sert à la fois de cuisine et de cantine).
J’accompagne Gloria et ceux qui participent au chantier dans les achats des différents matériaux et outils, et échange avec eux pour établir les priorités en fonction du budget à disposition. C’est une mission compliquée (il faut faire des choix !) et très intéressante. En parallèle, je peux suivre les travaux, qui avancent à grands pas. C’est une grande satisfaction pour chacun d’entre nous ! Nous jouons, beaucoup, souvent, avec 3 fois rien : des bouteilles en plastique récupérées nous permettent de faire de la musique ou de jouer au bowling, les « concours » de cerceaux ou le jeu de l’élastique ont un grand succès, sans parler des combats de pouces… même essuyer le sol d’une salle de classe devient un jeu !
La barrière de la langue ne me semble plus si importante. Les liens sont tissés et l’heure du départ approche, l’émotion grandit… Je garderai en mémoire chacun des habitants de Safe Haven : de la grand-mère PiPi, avec qui je prends mon café tous les matins, à la petite NuNuPaw, 2 ans à peine, qui m’a rebaptisée Morning.
Je reviendrai peut-être un jour passer quelques jours ou quelques semaines ici, chez eux, qui est aussi devenu un peu chez moi, qui sait ?

Else SOUCHARD

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