Chez AIME, nous travaillons au quotidien avec plus de cinquante partenaires, répartis partout sur la planète et s’engageant pour des causes diverses. De l’association francilienne Union des Etudiants Exilés visant à aider l’intégration des réfugiés dans les études supérieurs à l’ONG bolivienne Comunidad Inti Wara Yassi s’attaquant au trafic d’animaux dans la jungle amazonienne en passant par le centre culturel Djarama au Sénégal, travailler avec autant de partenaires ayant tous leurs propres spécificités et besoins implique une grande adaptabilité. 

Pourtant, malgré ce spectre de collaborateurs.rices très divers, nos partenaires ont tous des points communs. Lorsque nous établissons un partenariat, nous recherchons les mêmes valeurs que nous défendons depuis la fondation de AIME. 

Pour comprendre ces critères, il importe tout d’abord de revenir sur les origines de la création de l’association. En 2009, Sabine Pompey et Mariane Behar, fondatrices de AIME, alors étudiantes au Canada, partent en voyage de solidarité dans un parc naturel au Népal. Leur désillusion nourrit leur volonté de faire changer les choses : animaux encagés, parc payant pour les locaux, etc (écoutez l’histoire de première main avec ce podcast 100% AIME). De cette expérience naît leur volonté de créer une association différente, plus éthique et plus responsable, qui aurait à cœur de mieux respecter les besoins des locaux : AIME.

L’un de nos principes fondateurs est ainsi de lutter contre ce que l’on appelle le “volontourisme” en développant une alternative mettant en avant un monde de l’humanitaire plus solidaire. 

Le volontourisme, c’est une pratique consistant à offrir des voyages humanitaires, payants, mêlant bénévolat et tourisme, à des occidentaux dans le but d’engranger des profits et non d’aider les communautés locales.

En voici une définition de France Volontaire : 

Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire […] des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. […] Cette “marchandisation” du secteur du volontariat entraîne des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours.

En bref, le volontourisme représente l’antithèse des valeurs d’inclusion et d’engagement que nous défendons.

C’est pourquoi, dans notre recherche de partenaires, nous sommes très prudents d’éviter de nouer des liens avec de telles organisations. 

Comment nous y prenons-nous ?

Les critères d’un bon partenaire : éviter le volontourisme

Tout d’abord, notre modèle reposant sur l’engagement via le dispositif du Service Civique, l’aspect recherche de profit, au cœur du volontourisme, disparaît. Les volontaires en Service Civique ne payent pas pour partir : au contraire, ils sont payé.e.s. Nos partenaires ne reçoivent donc pas des volontaires dans l’objectif d’établir un profit, mais bien plutôt pour les engager à travers leurs actions et ainsi se développer.

De plus, le Service Civique étant d’une durée minimum de 6 mois, nous évitons d’avoir recours à des séjours humanitaire à courte durée, un phénomène qui rime souvent avec volontourisme car rentable mais très peu utile.

Mais il y a également d’autres critères que nous nous efforçons de suivre pour s’assurer de l’éthique de nos partenaires. 

Ainsi, nous ne louons des liens, dans l’immense majorité des cas, qu’avec des associations locales, créées par des locaux pour des locaux.

L’un des problèmes du volontourisme est en effet que les organisations qui en sont responsables, souvent (mais pas systématiquement) dirigées par des personnes extérieures au pays hôte, n’ont pas pour véritable objectif d’aider les communautés locales. Leurs besoins sont ignorés, délaissés au profit des besoins des volontaires, qui, eux, sont les véritables sources de profit.

Les organisations de volontourisme, créées selon un modèle américano- ou européano-centré, imposent alors une vision importée du monde occidentale sur les pays en développement. Elles ne sont ainsi en général pas à même de mettre en place des stratégies d’action adaptées à leur milieu. 

Louer des partenariats avec des associations locales permet de diminuer le risque que le partenaire soit dans cette optique là. Les dirigeants de ces associations étant des habitants de la région, ils en comprennent les enjeux et ont à cœur d’avant tout aider les populations. 

Cela permet également d’assurer une véritable immersion culturelle à nos volontaires durant leur mission. L’une des promesses des organisations de volontourisme est ainsi souvent celle d’un séjour de découverte culturelle, promesse qui tient plus du mirage que de la réalité, les volontaires n’ayant la plupart du temps que des relations occasionnelles ou limitées avec les locaux. 

Dans le cadre des partenaires de AIME, nos volontaires sont assuré.e.s d’une immersion totale dans la culture du pays hôte, ceux-ci n’étant en contact qu’avec des habitants de la région, à l’exception d’autres volontaires. Nombreux sont ainsi nos Services Civiques à revenir en France bilingues ou trilingues en partant de zéro, forts par exemple d’une maîtrise nouvelle de l’espagnol ou du wolof. Retrouvez ici des témoignages détaillés de nos volontaires.

De même, le rapprochement avec des ONG natives du pays concerné permet d’éviter une perpétuation d’une vision néo-coloniale de l’humanitaire, dans laquelle de braves volontaires occidentaux se dévouent pour aller aider les pauvres habitants du tiers-monde. Cette vision, malheureusement encore très répandue, digne du “white man’s burden” typique du XIXème siècle, est à l’opposé de ce que nous représentons. 

Mais lutter contre les travers du volontourisme ne se fait pas qu’à travers notre choix de partenaire. Lutter contre le volontourisme, c’est aussi s’assurer du bon recrutement de nos volontaires. 

Le recrutement des volontaires dans le cadre d’un partenariat

Ainsi, nous n’en recrutons qu’à la demande de nos partenaires. S’il n’y a pas de besoin de leur côté, nous n’envoyons personne. Cela peut paraître évident, mais les organisations de volontourisme recrutent non en fonction des besoins sur le terrain mais en fonction des besoins financiers.

De plus, nos volontaires passent toutes et tous, avant le départ, par deux jours de Formation Civique et Citoyenne, durant lesquels nous les éduquons sur les principes d’un humanitaire responsable et solidaire.

Lutter contre le volontourisme, c’est donc l’un des principes fondateurs de AIME et une préoccupation constante pour nos équipes. Ce n’est pourtant pas notre seul critère dans notre recherche de partenaires. 

Nous nous assurons également de nouer des liens avec des associations capables de s’adapter aux critères du Service Civique.

Les critères du Service Civique, essentiels dans le choix d’un nouveau partenaire

Pour cela, il importe que les associations comprennent ce qu’est le dispositif, et comment le respecter. 

Tout d’abord, elles doivent pouvoir suivre le principe de complémentarité : les volontaires ne sont pas là pour remplacer les travailleurs, mais pour les assister. Comme l’explique l’agence du Service Civique : “Les missions proposées aux volontaires au sein des structures d’accueil sont complémentaires de celles des salariés, des bénévoles et des stagiaires et ne peuvent s’y substituer. Elles ne peuvent être indispensables au bon fonctionnement habituel des organismes.“

Ensuite, la mission doit respecter les principes d’accessibilité du Service Civique, c’est-à-dire que la sélection des volontaires s’effectue d’abord en fonction de la motivation et non du diplôme ou des expériences. Il est capital que les missions puissent être ouvertes à tous.tes. 

Vient aussi le critère de “mixité” : les volontaires doivent pouvoir être au contact direct du public bénéficiant de leurs actions. Il s’agit donc d’un travail de terrain, aux côtés des acteurs de l’association et du public visé.

Enfin, il leur faut être capable de verser une prestation d’environ 100 € par mois au volontaire, directement ou bien par le biais d’un logement fourni.

Pour finir, nous recherchons chez nos partenaires des valeurs correspondant aux nôtres : ouverture d’esprit, bienveillance envers les volontaires, volonté d’impact, inclusion, etc. 

Voilà pourquoi, malgré la diversité des lieux, des causes et des moyens d’actions, nos partenaires ont tous quelque chose en commun : car nous recherchons chez eux les valeurs que nous défendons. 

Comment se passe alors le processus de mise en place du partenariat ? 

La création d’un nouveau partenariat

Elle commence par la prospection de nouveaux partenaires, tâche entreprise par nos coordinateur.ice.s régionaux.ales. En gardant à l’esprit les critères énumérés plus haut, ceux-ci contactent des associations locales et entament la discussion, en leur présentant nos valeurs et ce que nous proposons. 

Parfois, ce sont aussi les structures qui viennent nous contacter par elles-même. 

Si ces discussions portent leurs fruits, s’ensuit une visite de terrain : le coordinateur régional vient directement visiter l’association sur place, rencontre ses bénévoles, visite leurs locaux et observe leurs actions. Il s’agit non seulement de faire connaissance avec l’équipe du partenaire, mais aussi de vérifier que ses pratiques sont conformes avec nos valeurs et qu’il est en mesure d’accueillir nos volontaires. 

Si la visite de terrain se déroule bien, il reste encore deux étapes à franchir avant de pouvoir y envoyer des volontaires en Service Civique. 

Tout d’abord, France Volontaire doit étudier le partenariat et approuver sa mise en place. Ils s’intéressent pour cela à la légalité de la structure, aux potentiels dangers pour les volontaires dans la région, ou encore aux conditions d’hébergement. 

Ensuite, l’agence du Service Civique doit elle aussi se pencher sur le dossier. Il s’agit de s’assurer que la mission respecte les critères et engagements propres au dispositif du Service Civique, et que les volontaires pourront être accueillis dans des conditions décentes. 

Entre toutes ses étapes, il ne faut pas oublier de multiples échanges par e-mail, des appels, des réunions, et tout un tas de formulaires à remplir. 

Si tout se déroule bien, le partenariat est alors accepté et nous pouvons commencer la recherche de volontaires ! 

Vous l’avez compris, nos partenaires ne sont pas choisis au hasard, et la mise en place d’un partenariat suit un processus complexe mais nécessaire. Ces procédures, si elles nous prennent du temps, nous permettent de nous assurer que les missions que nous proposons sont en accord avec nos valeurs d’inclusivité, de solidarité et d’engagement.