Le dimanche 4 mai, les panaméens ont voté pour élire leur nouveau président, mais aussi leurs députés, représentants et maires. Tout en un tour et en une fois.
A notre arrivée, nous avons découvert Silico Creek grimé aux couleurs du Partido Revolucionario Democratico, porté par Navarro, dont Diego a rapidement adopté la casquette. En attendant les élections, Diego et Orlando (qui préfère le parti Cambio Democratico) s’affrontent pour savoir lequel de leur candidat l’emportera.
Je prends part à leur jeu et porte mon choix sur Juan Carlos Varela (du Partido Panamenista), plus par sympathie pour Noris que par convictions politiques puisque en réalité je ne comprends pas grand-chose à tout ça.
Le Cambio Democratico est le parti actuellement au pouvoir. Son candidat, Jose Domigo Areas est souvent décrit comme le pantin de Martinelli, le président actuel. Le parti promet de continuer les chantiers entamés. La ville de Panama City a récemment inauguré son métro, les plus de 60 ans et les femmes reçoivent de l’argent tous les mois.
Les programmes du PRD et du parti panamenista se ressemblent beaucoup d’après moi. Les deux candidats ont d’ailleurs réfléchi à une alliance il y a peu de temps. Varela, candidat du parti panamenista est l’ancien vice-président de Martinelli. Depuis quelques années, il est actif et virulent dans l’opposition.
Navarro et Varela axent leurs campagnes sur la lutte contre la corruption et sur une meilleure répartition des richesses. Les comarcas doivent avoir accès à l’électricité et à l’eau potable. Quelques éléments les distinguent :

  • Navarro serait POUR le mariage pour tous et Varela, non
  • Navarro se serait prononcé POUR le fait de traiter les jeunes criminels comme des adultes
  • Varela propose que les écoles dispensent un enseignement en espagnol et aussi en anglais dès les plus jeunes classes

Le jour des élections, L’école s’est transformée en bureau de votes. Je n’ose pas prendre de photos et je fais bien puisque « Diego dit le téméraire » quand il essaya se vit menacé de rapatriement forcé vers l’Europe, ni plus ni moins. De nombreux policiers sont posés à l’entrée ; à l’occasion d’élections précédentes il y aurait eu quelques mouvements violents – ceux-là sont aujourd’hui tués dans l’œuf du fait de la présence de ces uniformes menaçants. Ils sont aussi prêts à expulser Diego s’il continue. J
La coopérative est transformée en dortoir : deux lits sont installés dans la cuisine, les deux autres salles du fond accueillent également quelques personnes chargées de l’organisation.
Je rencontre un jeune venu de Panama City qui participera au dépouillement. Celui-ci n’est pas à l’aise ici. Il me raconte que la police est là pour le protéger, qu’il a essayé de dormir dans la chambre qu’on a bien voulu lui trouver mais qu’il n’a fermé qu’un œil tant il se sentait oppressé. Plus tard alors qu’on nous offrira une mangue, il refusera de la gouter, doutant de sa qualité. Je pense que ses trois jours ici ont été difficiles, quant à moi, c’est la première fois que je rencontrais autant de stress à cet endroit du monde.
A 17h, les premières estimations annoncent déjà Varela gagnant, déjouant tous les sondages. On a dépouillé 80% des bulletins et le tribunal électoral (bien que le disant avec des pincettes) estime qu’il y a peu de chances que les votes comptés – par exemple à Silico Creek – fassent pencher les votes en faveur d’un autre candidat.
Tout le monde ici semble plutôt satisfait. Les pros Navarro sont heureux de la défaite du gouvernement actuel et les pros José Domingo se réjouissent de la défaite du PRD.
Jusqu’à mercredi, on continuera d’attendre les urnes des communautés de la montagne jusqu’à connaitre les noms des nouveaux députés, des nouveaux représentants et des nouveaux maires.
A la télé le soir, je vibre au son de la politique panaméenne. D’abord, Navarro, les larmes aux yeux, félicite le président nouvellement élu. José Domingo apparait aux côtés de Martinelli, le président millionnaire sortant. Celui-ci me semble habillé aux couleurs d’une équipe de baseball ou de basketball (jogging, couleurs claires, chiffres ou nombres écrits en grand devant et sur le dos).
Finalement, la première intervention du camp Varela est une prise de parole de madame Varela et avant toute chose, nous devons applaudir Dieu. Dieu qui a permis la victoire d’un candidat sincère et intègre contre le pouvoir de l’argent.

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