Il y a deux semaines, du 7 au 19 novembre, se tenait le festival RIMA 2022 (Rencontres Internationales des Marionnettes d’Abatta), organisé par notre partenaire Ivoire Marionnette. 

Pour Ivoire Marionnette, RIMA, c’est THE event of the year. Le festival se prépare plusieurs mois à l’avance – avec bien sûr la participation des volontaires envoyés par AIME. 

Ensuite, sur une durée de deux semaines, spectacles, ateliers, formations, dédicaces et fêtes improvisées se succèdent dans l’euphorie générale. Cette célébration de la culture ivoirienne attire du monde, et pas uniquement des locaux : on y retrouve des spectateurs des quatres coins du monde, venus admirer la qualité des arts du spectacle du pays. Ambassadeurs, artistes renommés, directeurs d’instituts, touristes et expats se joignent ainsi à la foule d’ivoiriens sortis de la capitale pour le week-end.  

Tous se rassemblent dans le village d’Abatta, en banlieue d’Abidjan, sur les bords de la lagune marécageuse d’Ebié. Pendant plusieurs jours, ils affluent dans la petite agglomération pour l’événement culturel de l’année. 

Mais RIMA, ce n’est pas juste une fête ou une suite de spectacles ludiques : le festival se construit aussi autour d’un message fort. Il s’agit, en amenant ensemble des personnes d’origines très diverses, de mobiliser autour d’un thème engagé.

Cette année, le festival se tenait au nom de la paix – paix dans le monde autant que paix pour les ivoiriens. La paix, c’est un mot qui retentit beaucoup dans le pays, gangrené par une criminalité qui explose, déchiré par les violences politiques, et dont la plupart des voisins sont en guerre.

Or quoi de mieux pour faire honneur à cette paix tant désirée que la marionnette, art de tous les arts ? Après tout, la Côte d’Ivoire, c’est un aussi un pays renommé pour sa vitalité culturelle : il y existe plus d’associations culturelles que d’entreprises.

Cette richesse artistique fait ainsi la fierté des ivoiriens. Célébrer la paix par l’art, c’est donc un acte fort qui a une résonance toute particulière en Côte d’Ivoire, et touche de près ses citoyens. 

Pour reprendre les mots de Jean Mathiot, Directeur Délégué de l’Institut français en Côte d’Ivoire, et invité d’honneur des cérémonies:

On a une conviction, avec Ivoire Marionnette, que l’art est un médiateur de paix

Le festival a cette année encore réussi son pari et a su séduire les foules : cette édition marque un franc succès, autant de par le nombre d’ivoiriens venus y assister que par l’étendue et la portée de son message.

Pour  attirer et satisfaire autant de spectateurs, son programme fut chargé. 

Si le festival n’est officiellement lancé en grande pompe que lors de la cérémonie d’ouverture le 17 novembre, les activités commencent dès le 7 du mois. 

Le festival s’est ainsi ouvert avec l’atelier “femmes en avant”, qui se tient pendant plusieurs jours, proposant à des femmes marionnettistes venues de tout l’Afrique de l’Ouest des formations pratiques pour les initier aux arts du spectacle. L’objectif final étant la création, à la fin de la semaine, d’un spectacle original, mis en scène dans le cadre du festival. L’activité s’organise sous la présidence de la doyenne Habiba JENDOUBI, dramaturge et marionnettiste Tunisienne, directrice de la compagnie Domia Production. 

Riche en enseignement, l’atelier se construit autour d’un processus collaboratif d’écriture et de mise en scène :

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  • Réfléchir à partir d’un conte  choisi 
  • Écrire le texte du spectacle en scènettes avec tous les détails possibles.
  • Découper le texte, dépouiller les personnages et autres.
  • Concevoir le spectacle sur le papier dessin , découpage technique et confection des  différents éléments des marionnettes.
  • Montage des marionnettes.
  • Confection des éléments de décor .
  • Manipuler les marionnettes avec les décors.
  • Mise  en scène

La représentation finale prend place le 13 novembre. 

Au fur et à mesure que la cérémonie d’ouverture se rapproche, les spectacles se multiplient, organisés par des compagnies du monde entier. On peut par exemple citer “Vango et l’oiseau de paix”, de la compagnie Rashy du Togo.

Ces représentations cherchent à mettre en scène la paix et la fraternité. Ce thème est aussi au cœur de «La boule bleue», un spectacle de l’Académie Ivoire Marionnettes, qui appelle à l’union et à la solidarité des peuples. 

Artistes et personnalités se succèdent également et enchaînent dédicaces et prises de paroles, comme ici le célèbre marionnettiste Burkinabé Athanase KABRÉ.

Mais c’est avant tout la cérémonie d’ouverture du 17 novembre qui occupe tous les esprits et qui fait monter l’excitation. 

Le jour J est marqué par un franc succès : la foule est au rendez-vous pour le lancement en grande pompe de 3 jours de festivités et spectacles. Les marionnettes géantes, signatures de l’Académie Ivoire Marionnettes, envahissent le village et paradent jusqu’à la place du festival.

La cérémonie attire des invités de marque, avec les Ambassadeurs du Canada et de l’Espagne en Côte d’Ivoire, le Directeur Délégué de l’Institut français à Abidjan, ou encore le Directeur de cabinet adjoint représentant la Ministre de la Culture et de la Francophonie, et bien d’autres. 

Une fois l’excitation de la parade retombée, la soirée offre de multiples spectacles, organisés par les compagnies Via Verde de France, Bouche d’ Air de Guinée, et Gué-Zo de Côte d’ivoire. 

Les festivités continuent le 18, toujours avec des représentations venues des quatre coins du monde. On retrouve les compagnies XZART (France),  Figurentheater Vlinders (Belgique), Rashy (Togo), AlFA (République Tchèque), Kadam- Kadam (Togo) et Periplo Marionetas (Espagne). 

Le spectacle « Carnet de bal », de la marionnettiste française Pascale Toniazzo, attire aussi les foules.  Créé en 2020 dans un contexte de crise sanitaire, il mêle théâtre et marionnette. 

Le lendemain, la journée est ponctuée par des conférences et ateliers visant à renforcer la scène culturelle ivoirienne. Le Dr Zié COULIBALY, ancien Directeur Délégué de l’Institut français en Côte d’Ivoire, intervient ainsi sur le thème « Gestion  d’une entreprise culturelle », exhortant les opérateurs culturels à s’engager dans la création d’entreprises culturelles pour s’ouvrir à plus d’opportunités.

La clôture du festival, le 19, est célébrée par de nouveaux spectacles.

Cette édition des RIMA se termine donc sur un succès. Sa renommée est assurée par une portée internationale, grâce aux compagnies d’arts venues d’Afrique et d’Europe, mais aussi nationale : le festival fait les gros titres et passe au journal du soir de la principale chaîne de télévision ivoirienne.

Il ne reste plus qu’à attendre un an pour la prochaine édition des RIMA !