Moi c’est Mouskéba, j’ai 25 ans, j’ai fais une licence de droit puis un master en droit de la santé et depuis que je suis au collège je suis engagée dans des associations donc pour moi faire un service civique, c’était un projet dans ma tête j’attendais juste le timing idéal.

Je suis partie en Côte d’Ivoire, de base pour 6 mois, j’ai finalement fait un peu plus de 4 mois. J’ai été accueillie par l’association CRESAS « Cercle de Recherche et d’Échanges en Scénographie et Arts de la Scène », qui a été créée en 2010 et qui promeut la scénographie et les arts de la scène au sein de la plateforme culturelle internationale «Urbascènes» à M’brago 2 qui est un centre culturel placé à environ 40 km d’Abidjan. 
J’ai été super contente et très excitée de commencer ma mission. Directement, j’ai été imprégnée de l’atmosphère, du rythme et du mood du village. 

Par exemple, j’ai été assez surprise de voir qu’on nous a très rapidement fait confiance, en nous donnant par exemple TOUTES les clés du centre, j’étais super étonnée !
Ma mission touchait différents axes notamment la participation à l’animation du centre en accueillant les enfants du village à la bibliothèque, en proposant des activités socio-éducatives, des ateliers d’alphabétisation et des projections de films, en encadrant la fanfare de musique des jeunes du village, mais aussi en organisant tous les mois une soirée des contes au village avec un conteur professionnel. On a été en contact direct avec les populations locales et les différents acteurs du village (acteurs «politiques» mais aussi acteurs économiques comme les commerçants du village) et des alentours, notamment la chefferie (chef du village, chef de terre, président des jeunes) ou encore les acteurs éducatifs (écoles de M’brago 1 et M’brago 2). 

Pendant ma mission, j’ai souvent été livrée à moi-même et ça n’a pas toujours été facile à vivre, j’essayais de relativiser en me disant que ce sont des difficultés propres au fait que je sois seule, loin de mes proches et qu’aussi dur qu’elles soient, c’est une expérience qui me permet de me forger pour la suite. J’essayais de garder le contact avec mes proches le plus souvent possible dans les moments de solitude (quand le réseau le voulait), et j’essayais toujours de voir le bon côté des choses. J’ai tenu un carnet de bord où j’écrivais chaque jour ce qui se passait et vu que j’aime beaucoup faire des vidéos, j’ai réalisé des vlogs où je filmais mon quotidien, les moments joyeux principalement car c’est vrai que j’ai caché pendant longtemps à tout le monde que je n’étais pas forcément épanouie.
J’ai malheureusement eu du mal à trouver ma place dans ma famille d’accueil, je pense pour pleins de raison, mais parfois quand je sentais que c’était trop pour moi je partais à Abidjan pour changer d’air, voir autre chose et me changer les idées aussi. Je pense que c’est ce qui m’a aidé tout au long de ma mission, car les weekends où je restais au village je m’ennuyais beaucoup vu que j’étais seule, j’étais souvent très mal, du coup, j’essayais de me trouver des choses à faire pour m’occuper. 

Enfin, j’ai parfois eu le sentiment d’être inutile parce que les choses n’avançaient pas forcément dans ma mission, ou parfois lorsqu’on donnait des suggestions d’améliorations, ou certaines idées, ce n’était pas forcément pris en compte. C’était assez frustrant pour moi, surtout qu’il y avait des périodes où j’étais seule à la maison, où j’étais hébergée, combiné aux périodes où il n’y avait pas d’affluence au centre, ou aux périodes où c’était vraiment la routine, on faisait des choses très basiques pas du tout stimulantes ce n’était pas facile à vivre. Mais je tiens quand même à préciser que le fait d’être en binôme dans cette mission a beaucoup été bénéfique surtout pour la vie au centre et encore une fois pour pallier à ces difficultés mon meilleur «remède» a été de partir du village à chaque fois que j’en sentais le besoin. 

Je pense que c’est la période où j’ai visité le pays. J’étais vraiment très contente. La nourriture aussi, c’était un meilleur souvenir (Attiéké X alloco X poisson braisé for life + ananas/mangue à foison, quelle grâce !).
La mise en place de façon pérenne de la soirée conte au village, je pense que c’est le projet qui me rend fière.
Malgré les moments difficiles, je ne regrette absolument RIEN de cette expérience, je suis même super fière d’avoir fait ce service civique et si c’était à refaire, je referais tout pareil. Je réalise à peine ce que je viens de vivre au cours de ces derniers mois, je suis aussi très nostalgique de tout ce que j’ai vécu (en vrai même les moments difficiles ou les bagarres avec les cafards géants qui volent dans la salle de bain). Je pense que j’ai fait le choix de partir parce que j’étais arrivée au bout de moi-même et je pense aussi que j’étais arrivée au bout de la flexibilité, de l’adaptation, du «je prends sur moi et je relativise» et qu’il valait mieux partir plutôt que de continuer à être mal.  

Voici mes anecdotes :

La rencontre avec le ministre de la Jeunesse, le ministre de l’Enseignement supérieur et l’ambassadeur de France en CIV (Côte d’Ivoire) où j’ai dû prendre le micro et me présenter devant tout le monde, c’était ultra-stressant parce que ce n’était pas prévu, c’est le ministre qui en plein milieu de la réunion dit qu’il veut qu’on se présente ! Malgré tout c’était super chic ^^ !
Avec France Volontaires, on était parti en week-end à Jacqueville avec tous les autres volontaires en CIV et le premier jour, ils sont partis sans nous dans un autre village, on nous a oubliés, c’était drôle parce que j’étais avec Léana et deux autres volontaires avec qui on avait formé une belle équipe, mais si j’étais seule, je pense que j’aurais paniqué !
Le jour où j’arrive en CIV, Koné (tuteur) m’amène de l’attiéké avec du poulet braisé, j’étais ravie jusqu’à ce que je commence à manger, j’ai cru que j’allais vomir tellement c’était pimenté et pourtant je mange épicé, mais là, c’était clairement pour m’abattre alors que je venais tout juste d’atterrir mdr !

Last but not least, en arrivant en CIV, j’avais pour projet de faire des vlogs sur la globalité de ma mission (le centre, la vie au village et les sorties). J’ai publié mes vidéos sur YTB mais c’est une chaîne privée que je tiens et je partage uniquement à mes proches les liens de mes différents vlogs du coup, je suis super contente d’avoir pu faire tous ces vlogs parce que ça résume ultra bien tout mon séjour en CIV. 

Les bons comme les mauvais côtés de cette expérience m’ont aidé à me découvrir des soft skills de fou (par exemple laver TOUS mes habits à la main en moins de 2H, ou me battre avec tous les insectes qui existent) et aussi une capacité de résilience face aux épreuves aussi difficiles soient-elles.  Depuis mon retour, j’ai commencé quelques entretiens pour commencer à travailler dans mon domaine d’étude, en tant que juriste, mais je pense que je vais faire des petits voyages, et qu’ensuite, je vais commencer à travailler. 

La mission de Mouskéba a été co-financée par l’Union Européenne et l’Agence du Service Civique dans le cadre d’un projet FSE+.