2023 Cambodge JDL Gabin 2 1

Manon : T’es bien installé ? Tout va bien ? 

Gabin : Tout va bien. 

Manon : Ok, trop bien. Aujourd’hui, on est en présence de Gabin. Gabin, c’est le premier volontaire en service civique AIME au Cambodge. Et ça, c’est pépite. Comment ça va, Gabin, ce matin ?

Gabin : Ça va très bien. J’ai fait ma petite routine quotidienne. Je suis là depuis trois semaines et du coup, tout va bien.

Manon : Ok, trop bien. Et tu es où depuis trois semaines maintenant ?

Gabin : Je suis au Cambodge. J’ai passé cinq jours à Phnom Penh au début et là, je suis arrivé dans la ville de Kep, dans le sud du Cambodge où je vais être pendant les six prochains mois au sein d’une école qui s’appelle le Jardin des Langues.

Manon : Ok, trop bien. Et tu fais quoi au Jardin des langues en Service Civique ?

Gabin : Je suis en mission. C’est une école qui est ouverte l’après-midi pour accueillir les enfants de Kep. Je leur organise des activités dans la cour, j’aide à dispenser des cours de français et d’anglais pour les enfants et je joue avec eux. On les occupe l’après-midi parce que l’école publique n’est ouverte que le matin au Cambodge. Le jardin des langues permet de continuer leur enseignement l’après-midi jusqu’à 19h00.

Manon : En plus, les cours de français et d’anglais, c’est vraiment parce que pour accéder aux études supérieures au Cambodge, il faut avoir des bases de langue latine vu qu’elles sont soit dispensées en anglais, soit en français. 

Gabin : Exactement. 

Manon : C’est super chouette. Est-ce que tu veux nous parler un peu de ton arrivée, ta préparation au départ ? Déjà, comment tu as connu AIME ? Comment t’es tombé sur cette mission ?

Gabin : J’ai connu AIME parce que ma petite sœur avait fait un Service Civique il y a deux ou trois ans. Elle avait fait un service civique au Myanmar où elle était, pareil, dans un centre éducatif. Et ça faisait longtemps à Paris que je me disais que je voulais bien faire une année à l’étranger. Et donc, du coup, c’était toujours resté un peu dans un coin de ma tête. Puis là, j’ai fini mes études et je me suis dit « Ok, c’est maintenant que je fais un peu sauter ma cartouche d’un an à l’étranger ». Du coup, je suis arrivé au Cambodge en juillet et j’ai commencé à regarder à partir de mars à peu près les missions. Je regardais au début dans tous les continents et puis au final, j’ai vu la mission au Cambodge, j’ai lu la fiche et je me suis dit « Ok, vas-y, c’est ça ». Et après, j’ai postulé.

Manon : Ok. Et ta préparation au départ, ça s’est bien passé ? Des questionnements, des doutes ? Dis-nous tout.

Gabin : Pas trop. J’ai l’impression de ne pas être trop stressé. Au début, je pensais faire l’été à Paris en France et partir en septembre, en me disant que j’allais kiffer l’été et partir en septembre. Au final, le départ, c’était un peu plus tôt vers début juillet/mi-juillet. Non, pas trop de doute, pas trop de stress. J’ai fini mon stage vers mi-mai, donc j’ai eu un mois et demi pour me préparer, pour dire au revoir un peu à ma famille, à mes potes. Donc honnêtement, pas de stress. Même le jour du départ, pas de stress. En vrai, tout allait bien. 

Manon : Et donc tu es arrivé au Cambodge, la première fois que tu découvres ce pays, c’est quoi tes premières impressions ?

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Maison de Gabin pour les six prochains mois.

Gabin : J’ai pris un tuk-tuk de l’aéroport jusqu’à l’auberge. Vraiment, je me suis dit que ça allait être trop bien. Dès que j’ai vu un peu la circulation, rien que la circulation, je me suis dit « Ok, aller c’est le feu » je me suis dit que ça allait être trop cool. J’ai aussi un mec qui m’a pas mal arrangé : j’ai rencontré un pote de pote qui habite ici. Et du coup, pour mes trois/quatre premiers jours, il m’a grave arrangé, il m’a fait rencontrer tous ses potes. Vraiment, les quatre premiers jours à la capitale, j’ai pas arrêté : j’ai fait du foot, la fête, j’ai fait pleins de trucs. J’étais avec ses potes locaux et tout, donc c’était grave cool. Et après, j’ai pris mon bus pour aller à Kep où c’est plus calme. C’est une petite ville au bord de la mer. Et là, j’ai rencontré une bénévole qui est là depuis six mois, qui s’appelle Eloïse, qui est très sympa. Et là, du coup, je me suis plus installé vraiment. J’ai découvert ma chambre, j’ai découvert un peu la ville. Malheureusement, c’est la saison des pluies, donc il n’a pas arrêté de pleuvoir pendant deux semaines. Les deux premières semaines, c’était un orage tous les quarts d’heure, je pense, un truc comme ça.

Manon : Mais depuis hier, depuis mon arrivée dans ce déplacement pro, il fait beau.

Gabin : Exactement, depuis hier, c’est fou. 

Manon : Et Gabin découvre le soleil. *rigole*

Gabin : De ouf. Qu’est-ce que je me suis dit en arrivant ? Je me suis dit que ça allait être trop bien et que j’allais découvrir plein de trucs. C’est ce que je te disais hier, il y a des trucs qui peuvent paraître banals quand je les fais ici. Au final, je pense que quand j’y repenserai en France, ça sera des bêtes de souvenir. J’ai essayé au maximum un peu de conscientiser ces trucs-là quand je le fais. Un exemple, c’est ce que je t’ai dit hier je suis allé courir dans la jungle sous l’orage. Au final, je suis juste allé courir et je suis rentré, mais je pense que quand je repenserai à ça quand je serai en France, je me dirai que c’était de la frappe.

Manon : Ok. Et tu as eu des difficultés sur certaines choses ou c’était fluide pour l’instant ?
Tu trouves que c’est ok ?

Gabin : Non, pas trop de difficultés. Honnêtement, je ne parle pas encore Khmer, mais j’arrive quand même à me faire comprendre avec ceux qui parlent anglais.

Manon : C’est quoi tes petits mots de Khmer ?

Gabin : J’ai « Sou sdey », « Sok sabay », ça veut dire « bonjour, ça va », « Knyom chmoh Gabin » c’est « je m’appelle Gabin », « arkoun chraen » c’est « merci beaucoup ». J’ai les basiques de chez basiques. Tu dis les
« basiques », tu parles un peu avec les mains et tu tapes un sourire et tout va bien. Honnêtement, j’ai pas eu trop de difficultés. J’ai envoyé des messages aux bénévoles qui étaient sur place avant moi, qui m’ont donné les applis à télécharger, des trucs comme ça, donc j’ai vite été autonome. Honnêtement, je ne peux pas penser à un truc là pour l’instant où il y avait une difficulté. Limite, la pluie m’a un peu soulé, mais je lisais et tout allait bien.

Manon : Et la peau de Serpent le matin sur la terrasse.

Gabin : Oh la peau de serpent. Il faut savoir que je n’aime pas trop les serpents et j’ai trouvé la mue d’un serpent, je pense, sans forcer, qui devait faire deux mètres et demi, un truc comme ça. Donc, je n’ai pas kiffé.

Manon : On a la vidéo preuve à l’appui. *rigole*

Gabin : Mais oui, il y a des animaux. Pour le coup, je découvre des animaux sombres, genre des araignées dans ma chambre qui font la taille de ma main, des trucs comme ça. Mais même ça, tu vois, j’avais pas trop peur des animaux et tout. Mais ici, quand je me dis que c’est impossible que d’avoir chaud de ça parce que après, je vois un petit de cinq ans qui joue avec un serpent ou une araignée. Du coup, je me dis vas-y, si lui il a pas peur, ressaisis-toi et n’aie pas peur quoi.

Manon : Et d’ailleurs, avec les petits ici qui sont accueillis, on a 15/20 par jour, peut-être plus ?

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Atelier peinture avec les enfants accueillis l’après-midi au Jardin des Langues

Gabin : On a des classes de 15/20. Les petits, je crois qu’il y en a 120 d’inscrits officiellement. Ceux qui viennent vraiment, je dirais qu’on a par jour peut-être 80 ou 90 enfants. Ça varie un peu en fonction de s’il pleut, il y en a beaucoup moins. En fonction de si les parents peuvent les amener, s’ils viennent tout seuls en scout alors qu’ils ont sept ans. *rigole* Ça varie un peu, mais je dirais qu’il y en a 80/90 par jour, un truc comme ça.

Manon : Ok. Et ça a été pour communiquer avec eux alors que tu ne parles pas Khmer ? Comment ça se passe sur ça ?

Gabin : Les petits, ça se fait vraiment au feeling. Ils connaissent des basiques « teacher play » s’ils veulent jouer, des trucs comme ça. « Your name is teacher ? » aussi pour apprendre ton nom. Puis après, tu parles avec les mains. Avec les petits, tu arrives vraiment à te comprendre limite plus facilement qu’avec des adultes, j’ai l’impression. Parce que les adultes vont essayer de te parler alors que les petits, ils vont vous montrer. 

Manon : Ils vont juste essayer d’imaginer des trucs pour communiquer. 

Gabin : Donc oui c’est plus facile avec les petits. Et honnêtement, ils sont tous… Au bout du premier jour, tous les petits étaient adorables. Ils sont trop sympas.

Manon : Ok, trop chouette. Et c’est quoi la chose que t’as le plus surpris ? Tu ne t’y attendais pas ? Tu étais là, « Ah ouais ok, ça y est je suis dedans ».

Gabin : Bonne question. Le truc où je me suis dit « Ça y est, je suis dedans », c’est mon premier soir à Phnom Penh, je suis allé faire un foot avec des mecs locaux et après on est allé manger ensemble. Et là, j’ai mangé des trucs vraiment infâmes, genre des œufs avec des poussins à l’intérieur, des trucs comme ça. Je me suis dit qu’il fallait que je goûte. C’était dégueu. Et là, je me suis dit « Ok ». C’était ma première soirée, je me suis dit « Ok, je suis dedans. » Et après, j’étais en tué-tuk, je regardais un peu la ville de nuit et tout, et je me suis dit «trop bien»

Manon : Ça y est, c’est pour six mois et c’est parti. 

Gabin : Exactement. Et dans la mission, je me suis dit quand j’étais dedans peut-être la première fois que j’étais en cours, que j’ai donné un cours et que j’ai vu un petit qui avait progressé vraiment. On avait fait un cours sur la forme négative en français et je voyais au début les erreurs qu’il faisait et j’ai vraiment vu après, au bout d’une semaine sur la forme négative, que ça y est, c’était compris et qu’on pouvait passer à autre chose. Et là, je me suis vraiment dit
« Ok, cool, je vois qu’il y a des progrès. C’était le premier truc que je me suis dit ok, je vois une amélioration.

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Manon : Ok. Et donc dans ta vie en France, t’es dans la prod c’est ça ?

Gabin : Moi, oui oui oui, j’ai fait des études d’audiovisuel et j’étais en stage en boîte de prod.

Manon : Donc on s’éloigne quand même de ce que tu fais de base là actuellement, pourquoi t’as pris la décision de vraiment partir, c’était c’était quoi le moteur derrière ça ? Tout le monde ne se dit pas « c’est bon moi je me casse à l’autre bout du monde, je vais faire une mission de Service Civique » qu’est-ce que tu attends de cette expérience ?

Gabin : Me forger la pleins de souvenirs. Franchement je vois ça comme une addition de données, de souvenirs que je vais me forger ou auxquels je pourrais repenser sachant que ça fait trois semaines que je suis là, j’en ai déjà une soixantaine, vraiment des trucs dont je vais vraiment me souvenir pendant longtemps.

Manon : Tu as un exemple à nous partager ?

Gabin : Une boite, d’ailleurs une boite que tu m’as conseillé avant que j’arrive, une boîte qui s’appelle The Heart of Darkness, qui est une boîte en fait à Phnom Penh, à la capitale, où il y a des show de Drag Queen. Et vraiment, quand je suis arrivé dans la boîte, mais je me suis dit que c’était une dinguerie, je me suis dit que c’était trop bien, je me suis trop marré et ça, c’est un souvenir vraiment où je vais, une soirée que me souvenir pendant dix ans, je pense que je me rappellerai de la première fois où je suis allé dans cette boîte. Et qu’est ce qui m’a fait partir ? Moi, je n’avais pas fait d’Erasmus des trucs comme ça dans mes études.

Enfin, en gros, j’étais en coloc à Paris, donc je kiffais ma vie à Paris. Je n’ai pas ressenti le besoin de partir à l’étranger. Je me suis quand même dit que c’est un truc que je pouvais regretter si vraiment je prenais de l’âge, si un jour j’avais 40 ans potentiellement et que je n’avais pas vécu peut être deux ou trois ans à l’étranger. Donc là, c’est la première année où je pars, parce que je fais un Service Civique de six mois et en gros après je vais voyager six mois. Donc je pars un an enfin je pense.

Manon : Tu veux faire l’Asie du Sud-Est en globalité c’est ça ?

Gabin : C’est ça, en gros là je suis en mission de juillet à janvier et je vais voyager dans toute l’Asie de janvier à juin. Donc voilà je me suis dit que si c’était le bon moment pour le faire, tout simplement. Et j’avais envie de partir en Asie. J’ai pas mal voyagé en Asie avec mes parents quand j’étais petit et je me suis dit que là, c’était cool de le faire, mais d’une manière différente parce que j’ai 25 ans et que c’est pas le même voyage quoi.

Manon : Ok, et dans six mois, quand on a fini ta mission de Service Civique, qu’est ce que t’espère vraiment te dire ?

Gabin : Que j’ai vraiment apporté quelque chose qui peut rester au Jardin des Langues que je ne vais pas rester un mois, donner trois cours et ensuite ensuite me barrer. Me dire «voilà cool j’aurais kiffé», que moi j’aurais kiffé, mais qu’ici en soit qu’il n’y ait rien qui a changé. Là, par exemple, j’ai un cours que je donne avec un maître/prof Khmer et on donne des cours à deux. J’aimerai bien dans six mois, là ils sont vraiment très débutants car ils peuvent faire des phrases, mais ils sont quand même très débutants. Donc six mois qu’il y ait un des petits et des petites puisse me raconter son week end en français, ce qu’elle a fait avec ses parents. Ou des trucs comme ça quoi. Genre voir que j’ai laissé des trucs, des bases qui vont rester.

Manon : Qu’il y ait un réel suivi et que c’est pas que pour donner des cours et faire une mission au Cambodge.

Gabin : Exactement, que en gros que la mission soit pour moi et pour ceux de l’école et pas que pour moi. Je vois ça vraiment. En gros, le voyage, je le vois vraiment comme une cartouche d’un un an que je fais sauter. Mais dans le bon sens. Je sais, j’en ai parlé avec un de mes potes, Basile, que je salue *rigole*

Manon : Salut Basile, si tu nous écoutes *rigole*

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Cours de Français avec les adolescents au Jardin des langues

Gabin : Mais il faut que j’ai vraiment l’impression sur je suis parti. Du coup, je suis parti en juillet, je vais revenir en juin prochain. J’ai vraiment l’impression que je vais faire un saut dans le temps dans ma vie à Paris. Parce qu’en soit ma vie à paris elle est vraiment bien, je suis bien content de ma vie à paris mais malgré tout et je pense qu’elle va pas bouger, mes potes seront toujours là, ma famille sera toujours là aussi et donc j’ai vraiment un truc de j’ai l’impression d’être hors de la vraie vie parce que je me vois faire ma vie à Paris donc j’ai l’impression que j’ai une capsule que je vais revenir. Je suis partie quand j’avais 25 et je vais revenir deux semaines avant mes 26 ans. Donc j’ai vraiment l’impression, sur une espèce de capsule temporelle qui va passer.

Manon : Une espèce de pause dans le temps.

Gabin : Exactement. Sauf que voilà, je suis passé en tout cas à Paris, de mes 24 à mes 26 ans direct quoi. Donc j’ai pas mal pensé à ça.

Manon : Mais d’ailleurs on n’en est pas du tout là, on parle du retour là, mais c’est vrai qu’on a pas mal de volontaires, même les expatriés en général qui disent « Voilà, je suis parti, j’ai laissé ma vie telle qu’elle est, etc. Je reviens et en fait rien n’a changé » et c’est hyper déroutant parce que toi t’es là, tu vis vraiment bien. Voilà, tu nous dis ça fait trois semaines que je suis là et j’ai vécu des millions de choses et en plus, c’est toujours très intense parce que c’est une expérience qu’on ne connaît pas, où on n’a pas l’habitude de repères etc et un an après, tu reviens et rien a changé.

Gabin : Mais ouais ça de ouf, je voit très bien.

Manon : Et ça te fait pas peur ?

Gabin : Ben non, pas trop parce que je me dis que, en fait, si je vis là des trucs à 100 à l’heure, plein de souvenirs, plein de trucs que j’ai pas l’habitude de faire pendant un an, je me dis que si je reviens à Paris, je vais avoir du mal à revenir dans une routine un peu plus calme et un peu plus monotone. Donc je me vois bien avoir un mode de vie plus aventureux. Quand je reviens à Paris pour essayer de rester sur sur la même, à la même fréquence.

Manon : Tu penses qu’on peut être aventureux/aventureuse à Paris?

Gabin : Ouais grave, en vrai grave. Enfin, je pense vraiment à Paris ou n’importe où en France, mais c’est peut être plus compliqué si t’es dans un endroit plus calme, etc mais en tout cas à paris je pense que vraiment si tu veux juste à les vivre et hop fin de l’histoire. Mais oui, forcément, ça sera des trucs que tu connais plus parce que t’es dans un contexte dans lequel tu as grandis etc. Mais pour l’instant j’ai pas peur de ce truc là. Et après peut être que en juin prochain, quand je reviens, je me dis ouais enfaite c’est claqué, rien a bougé et tout.

Manon : Je repars pour la vie !

Gabin : C’est ça ! Mais non, pour l’instant, je n’ai pas peur de ça. Je me dis que quand je vais revenir, je vais retrouver mes proches, ça va être cool et je retourne construire ma vie à Paris. Voilà.

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Manon : Trop bien ! Alors dans ton dernier compte rendu écrit tu m’as dis que tu t’étais acheté une petite guirlande pour ta chambre et que tu t’y sentais bien. Pourquoi une guirlande ? Qu’est-ce qui c’est passé ?

Gabin : Quand je suis arrivé à Kep, j’ai vu la ville. Déjà, je sortais de quatre jours à la capitale où c’était un peu non-stop, trop bien où je faisais pleins de trucs. Et je suis arrivé direct dans la ville, plus calme et tout, enfin je le savais déjà, mais je me suis dit « ok, faut vraiment que je m’installe ». Les premiers trucs que j’ai fait, c’est des exemples bêtes, mais dans ma chambre, en gros, la lumière, sachant que je kiffe trop les lumières tamisées et les trucs comme ça et tout, la lumière c’est un néon blanc d’hôpital que j’ai pas kiffé. Un des premiers trucs que j’ai fait, c’est aller acheter une espèce de lumière un peu cool pour que pour que le soir, quand je me poste dans ma chambre, je sois bien quoi. Ça aussi c’est un exemple bête, mais je suis allé louer un scoot direct pour pouvoir être autonome. Là, mon scoot aussi si je faisais la vidéo des 10 essentiels de GQ là je sais pas si tu vois, et bah il y aurait grave mon scoot, ma guirlande…

Je trouve que c’est grave important vraiment de dire que t’es là pour pour six mois. En gros la maison dans laquelle je suis logé est vraiment trop bien et donc c’est un peu à une autre échelle, mais quand tu arrives dans un dans un hôtel ou dans un Airbnb pour je sais pas plus d’une semaine, bah tu défais tes affaires et tu les fous dans les armoires.

Manon : C’est un peu une sorte de prendre ses repères.

Gabin : Ouais voilà tu prends tes marques.

Manon : Reprendre ce que tu as plus ici, mettre en place des habitudes, etc.

Gabin : Exactement. Enfin là tu vois, je suis allé voir au marché pour acheter mes fruits et légumes, les trucs comme ça, j’ai mes stands maintenant habituels, j’ai mon scoot, j’ai ma chambre que j’ai décorée, que j’adore. En gros, plein de trucs qui font que imaginons que t’as des moments où t’es pas hyper bien. J’ai dû en avoir deux/trois, mais qui durent 25 minutes. Puis ensuite tu écris un peu comment tu te sens et après ça va mieux. Je trouve que c’est important d’avoir des trucs comme ça qui font que tu peux y revenir. Si je vais dans ma chambre et que je lis un livre et que je suis bien dans ma chambre. Bah au final, au bout de 20 minutes, tout va bien. 

Manon : Ok !

Gabin : Donc oui si je peux donner un conseil, c’est déjà vraiment installez-vous direct vraiment vous habitez ici, installez-vous et si vous voulez acheter des trucs, que si, après potentiellement vous partez voyager, ce qui est mon cas. Je me suis déjà dit « ah non, je ne vais pas acheter ça parce que ça va trop encombrant et tout », achète-le et laisse-le pour les prochains, parce que tu en auras l’utilité six mois. Tous les gars qui font six mois plutôt que se dire pendant six mois «j’aimerais bien avoir ça, mais quand je vais partir, ça va pas me servir», achète-le pour le prochain ou la prochaine qui sera très content.e.

Manon : Oui, nous on a ça aussi. Du coup, maintenant à Phnom Penh ben on a acheté un cuiseur à riz, mais on compte absolument pas le ramener, que ce soit moi ou mes colocs et du coup on a laissé.

Gabin : Exactement bah tu vois pour en revenir sur les guirlandes, je sais je fais une fixette dessus. *rigole* Mais honnêtement, en gros, la maison, il y a des néons blancs d’hôpitaux partout, c’est la lumière de base et il y a une terrasse dans la maison au rez-de-chaussée, une terrasse en haut et la guirlande en soit, elle est pas chère, mais elle doit coûter 20 $, ce qui pour le Cambodge, est cher. Et au final, j’en ai acheté une pour ma chambre. Le week end prochain, je retourne en acheter une pour la terrasse du haut et la terrasse du bas et les prochains volontaires vont kiffer avoir une terrasse plus cool et aménagée que celle dans laquelle je suis arrivé quoi.

Manon : Mais d’ailleurs vu que tu passe à Phnom Penh ce week end, pour pas payer de guirlande a 20 $, il faut que tu ailles à mister DIY.

Gabin : Et bah trop chaud !

Manon : Tu vas voir là bas il y en a pour 3 $ et bah tu vas pouvoir en acheter pleins.

Gabin : Il faudrait que je note. En fait, je suis vraiment un pigeon. *rigole*

Manon : *rigole* non mais normal la tourist price elle te frappe à chaque fois. Tu l’as achetée là ta guirlande ?

Gabin : Ouais là pas loin.

Manon : Ouais à 20 $ la guirlande c’est chaud.

Gabin : C’était quinze mais j’ai dit plus parce que je suis un forceur, mais quinze dollar ouais je suis un pigeon. Tant pis pour la prochaine fois je saurai du coup.

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Animation décollage du KEP’PLANE avec les enfants au Jardin des Langues

Manon : Tu leur dis « non, c’est trois dollar, arrête » *rigole* mais ok trop cool. Ça pas été dur de un peu tout plaquer entre gros guillemets parce que oui bien sûr, tu nous as dit que t’avais ta vie à Paris : Tes potes, ta famille, etc. Mais justement te dire bon maintenant pendant un an, je ne vais pas construire ça, mais je vais me construire moi en partant, en voyageant. T’as pas eu des attaches ou juste des choses qui te disais : Enfaite non, je veux rester. 

Gabin : Pour ma famille ça n’a pas été compliqué parce que vraiment, je sais que c’est ultra solide. Et en vrai, vraiment, ça ne va rien changer tu vois. Après, je sais qu’il y avait potentiellement une fille en partant à qui je pensais un peu et ça je me suis dit « ok, je ne vais pas la voir pendant un an », mais j’ai l’impression que c’est justement mieux d’être en voyage et que ça fasse une coupure. Enfin, là j’y pensais déjà quasi plus. Ça fait trois semaines, sachant que c’est un truc dont j’essaie quand même de me séparer et de lâcher prise et tout.

Manon ; On est en train de tourner une seance psy *rigole*.

Gabin : *rigole* Non mais tu vois ce qui est pas mal avec le fait d’être ici et surtout de partir un an, c’est qu’il y a plein de trucs que je vivais ou que je faisais, que j’ai choisi mais que j’ai eu malgré moi, dont j’essayais de me détacher genre je sais pas des habitudes ou des fréquentations, des trucs comme ça, sans que ça soit péjoratif. C’est des gens que j’aime bien tu vois.

Manon : Gabin après ce podcast il perd tous ses potes *rigole*.

Gabin : Non, mais il y a des habitudes ou des trucs comme ça qui sont hyper liés à ma vie à Paris. Et le fait d’être là, je suis en mode « Ok, cool, ça me fait un vrai cut avec avec ces trucs là ».

Manon : Et puis même ça te permet vraiment de prendre du recul. Être loin, c’est que juste être loin en terme de distance, c’est… 

Gabin : Exactement.

Manon : Prendre du recul du voyage, tu découvres d’autres choses, tu t’occupes, tu émerveilles. C’est fou comme expérience.

Gabin : En vrai la première semaine, je pense que je regardais pas mal insta, les messages de mes potes à Paris, voir ce qu’ils foutaient, etc. Même enfin, même pas que mes potes, mais juste tout mon cercle de réseaux social et maintenant plus du tout. Et parce que je suis là un an et que du coup je me dis ça sert à rien de checker ce que lui a fait avant-hier ou hier. Ou voilà, il y a un truc comme ça. Je sais pas si c’est très clair, mais en tout cas ça me coupe de plein d’habitudes et ça me permet de prendre du recul sur des trucs à Paris, là où à Paris je vais penser à des trucs qui ne font pas trop kiffer, mais c’est dans le contexte de Paris, donc c’est normal d’y penser. Là, je pense à des trucs que je me dis « mais gros pourquoi tu penses à ca ? » 

Manon : *rigole*

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Gabin : Ça sert à rien de toute façon tu vas rien y faire, tu vas pas prendre un vol pour faire telle ou telle action et tu vas pas le faire dans un an, parce que dans un an j’espère que tu pensera plus à ce genre de truc.

Manon : Tu te concentres aussi plus sur toi je pense quand tu es en voyage quand tu es en mission de Service Civique enfin peu importe quand tu quittes un peu cette bulle dans laquelle t’as l’habitude d’être, de réfléchir, de mariner.

Gabin : Mais c’est même pas conscient tu te concentres plus sur toi, parce que les autres et bah tu es pas avec eux quoi. Je fais grave attention, parce que le truc le plus important pour moi ces trois dernières années c’était vraiment de consolider les relations que j’adore et vraiment les garder en mode bien, les entretenir, etc avec tous mes proches, même ma famille, tout type de relation et donc c’est important pour moi, mais ici je peux pas trop le faire.

Je peux à peine envoyer des messages de temps à autre et faire des FaceTime avec mes proches, mais du coup, c’est vraiment ce truc là. En fait, c’est incohérent de penser à des trucs comme ça alors que t’es pas en France et que tu peux rien faire. Donc tu penses à d’autres trucs et tu te coupes de trucs comme ça.

Manon : C’est pas parce que tu es loin des proches que ça va niquer toute la relation que vous avez construit.

Gabin : C’est vraiment 0 % de ça. 

Manon : Au contraire quoi.

Gabin : Si un volontaire pense qu’il va perdre tout ses potes, que peut être que ça n’ira plus du tout. Mais enfaite vraiment, ça existe pas je pense.

Manon : Euh non, je pense pas. Et puis c’est important de se construire soi-même pour pour pouvoir continuer à être là pour les autres.

Gabin : Et puis moi en gros avant que je parte, moi j’ai beaucoup de potes qui sont partis un an/six mois, des trucs comme ça. Et en fait, j’ai eu le temps d’être de l’autre côté et de capter qu’en fait quand il revient ça change rien donc il n’y a pas de raison que ça change quelque chose pour moi.

Manon : Bah écoute trop bien. Est ce que t’as envie de rajouter quelque chose ou un conseil ? Une phrase ? La phrase de Gabin ? La quote ?

Gabin : Un conseil si vous avez moins de 26 ans et que vous voulez voyager en vrai, faites un Service Civique, je trouve ça hyper bien de ce que j’ai fait : de faire six mois en Service Civique puis six mois tout seul parce que là, en gros, je suis arrivé et au lieu de me dire pendant deux semaines, enfin la pendant six mois «qu’est ce que je vais faire aujourd’hui ?». Essayer de passer un peu la meilleure journée de sa life avec en faisant des activités, en faisant des trucs de tout. Là, j’ai passé quatre jours à la capitale que j’ai trop aimé et ensuite c’était «bah mec tu dois être à Kep lundi matin pour commencer ta mission» et je trouve que ça permet en gros le fait d’avoir un, une routine, un quotidien en soit..

Manon : Ouais un cadre avec une Asso etc.

Gabin : Ça permet de bien t’acclimater. Là, je me sens direct chez moi et après, je trouve même que ça peut aider pour voyager après plutôt que d’arriver, de voyager, de dire qu’est-ce que je vais faire aujourd’hui et même c’est trop bien, ça permet de rester plus longtemps, ça… Tu découvres des trucs que t’as jamais fait, tu crées du lien avec du vrai lien quoi, pas en auberge de jeunesse même si c’est du lien qui peut être cool aussi. Mais en auberge de jeunesse tu vois quelqu’un pendant trois/quatre jours, c’est ton meilleur pote et après ? S’il prend pas le même bus que toi et bah c’est «aller salut mec». 

Manon : Ouais vous vous reverrez jamais quoi.

Gabin : Alors que là les profs avec qui je donne des cours à l’école, la directrice de l’école, les autres bénévoles qui restent, qui restent généralement deux mois des trucs comme ça, en vrai on a vraiment le temps du lien et du coup…

Manon : Et de commencer Strangers Things *rigole*.

Gabin : Exactement j’ai commencé à regarder Strangers Things le soir et c’est de la frappe. Et voilà, je dirais, je conseille à tout le monde de faire un Service Civique. En tout cas, si vous voulez voyager à long terme, je trouve ça vraiment bien de couper en deux son voyage. Voilà.

Manon : Et bien merci beaucoup Gabin.

Gabin : Merci Manon.

Manon : Et puis on se revoit dans 1 an !

Gabin : Grave salut !


L’histoire de Gabin a fait écho en toi et tu souhaites également devenir
volontaire en Service Civique avec AIME ?

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❤️ snehea ❤️