Il est 5 heures de l’aprem’. Allongé dans le hamac, j’apprécie l’air lourd et chaud qui pèse sur la communauté. Autour de moi, la jungle, quelques cabanes de bois, des milliers d’insectes et d’oiseaux, et des amis… Je profite tranquillement des derniers rayons de soleil, avant que l’obscurité tombe sur le village. Ce soir au menu, poisson frit, yanikeke et bollo.

Mais où suis-je ? Pourquoi ? Comment me suis-je retrouvé en haut de cette colline au milieu d’une épaisse forêt tropicale ?

Il est assez difficile de trouver un début à cette histoire. J’ai l’impression que c’est le résultat d’une longue série de conversations, de rencontres et de débats, et surtout le fruit d’une énergie collective mise au service des autres.

 

Cette communauté où nous sommes s’appelle Silico Creek. Une quarantaine de maisonnettes, le plus souvent faites de bois et de palmes, une école, un terrain de foot, des centaines de poules et quelques porcs, une petite rivière, quelques collines et environs 500 personnes qui vivent dans une simplicité parfois frappante. Des sourires inoubliables, des cris d’enfants qui ne s’arrêtent jamais, et des apprentissages au quotidien… Voila ce que l’on reçoit quand on a la chance de partir en mission avec AIME.

 

Mais le plus important est l’échange qui s’opère entre un groupe de jeunes étudiants « occidentaux » et des indigènes Ngöbe. De notre coté, nous travaillons dur pour pouvoir mettre en place des projets qui puissent à moyen et long terme avoir un impact sur leur condition de vie, nous investiguons, nous nous réunissons, nous brainstormons, pour être les plus efficients possible dans ce contexte. D’un autre coté, chaque jour est rempli de nouvelles découvertes culturelles, culinaires, artisanales, linguistiques, et de grands moments de partage. Vivre près de 3 mois dans des cabanes de bois sans électricité au milieu de la forêt est une expérience inoubliable. Inoubliable ! Et vivre ces moments la entouré de ses amis est une chance unique.

Si les habitants de cette communauté profitent des résultats de notre travail autant de ce que nous profitons de cette expérience, alors on peut dire que nous avons changé leur vie. Ce qui est sur, c’est qu’eux ils ont changé la mienne.

Renaud Miniaou.